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Choses vues entendues sues
13 décembre 2016

Pourquoi la nostalgie?

Je devais parler ce jour de l'attachement et de mon attachement au passé; j y ai réfléchi un peu...Je ne sais si ce trait de personnalité est fréquent de nos jours et s il signe un âge déterminé...Je pense, ainsi que je l'ai expérimenté dimanche dernier qu'il a ses racines, ce trait dans la peur qui déstabilise, déporte vers l inconnu, casse le fil de la continuité identitaire. Par exemple, cette misère des illuminations de Noël que j ai observée à la Madeleine. Je m'attendais, avant de me rendre dans ce beau quartier à retrouver, ce que je sais être depuis des années.

Plus grand chose, pour ne pas dire plus rien...Je fais l'expérience de pensée suivante; j'imagine que je retrouve (à peu près) ce que j ai toujours connu et les bienfaits qui vont avec: retrouvailles de quelque chose, c'est-à-dire perte effacée, assurance de la continuité, du monde et, de ce fai,t de la mienne. Chacun dit "je", ce qui implique le même, malgré le changement. Je "me" reconnais; je suis (toujours) moi; je ne (me) suis pas perdu. Imaginez un instant: vous vous réveillez ailleurs que chez vous.

Quel en est l'effet? Je m'attends à des réponses du type: Oh, c est super, merveilleux, comme dans un conte, ce serait curieux, étonnant, une découverte... Je répondrais alors tant mieux pour vous. ...

Ce n'est pas mon cas; on sait que ma petite enfance a été violemment marquée par l expérience de la perte (la mort brutale d' une tante qui m aimait et à laquelle j ai survécu car nous avions le même mal). Je pense que j' ai pu vivre un état de sidération. les défenses psychiques n étaient pas encore à même en ce jeune âge de faire face à ce trauma de la plus grande violence. De plus cette mort s' est accompagnée de scénes de douleur familiale répétées et collectives que je ne comprenais pas bien au plan intellectuel mais que mon corps devait "saisir" sans pouvoir le parler...

Le besoin que j ai d' un minimum de continuité des choses résonne tant et tant d années après cet événement fondateur comme une assurance que oui, tout est (encore là, toujours là, à sa place initiale, avant le séisme qui aura ébranlé mon être dans ses profondeurs et défait la structuration en  cours de ma psyché).

(Re)trouver dans l actuel, c est en quelque sorte réparer la dévastation, mettre un baume sur la blessure, m' apaiser (comme le bébé éprouve, quand il ne va pas, le vif désir de se blottir contre le giron maternel. De plus, c est de Noël qu'il s'agissait avec le merveilleux qui le caractérise pour consoler de la dure réalité.

J ai conscience que j ai tendance à psychologiser, mais si je mets les choses dans une perspective sociologique, quelle époque, plus que la nôtre, se caractérise-t-elle par autant de changements? Et pourquoi parle-t-on tant d identité en ce moment?... Dans "identité" il y a identique et cette époque est marquée par le changement très rapide. 

On a même parlé de "changement de paradigme". Mutation plus que changement. Les individus sont sommés de s' adapter et cela a un coût...

Revenant à la sphère psy, je pense que ce besoin de retrouver (pensez au plaisir que l on éprouve simplement à retrouver un vieil objet que l on croyait perdu) est lié à la fois à l amour et à la mort.

A l amour: l être aimé (aimant) vous appelle par votre prénom; avez-vous ressenti cette joie à être appelé par votre prénom? Cette désignation désigne mais aussi vous confirme dans votre être, vous donne une place privilégiée dans le monde, vous garantit que vous comptez, vous existez, vous n êtes pas mort.

A la mort justement: l' anonymat des mégapoles vous plonge dans l inconnu puisque le non-regard de l autre vous efface en quelque sorte. Il faut être solide pour résister à cette épreuve, solide, c est-à-dire avoir été suffisamment aimé pour ne pas ressentir le non-regard de l' autre comme un équivalent de néantisation.

La mort sociale vous plonge dans l indifférencié; au lieu de vous identifier (l' identité se conquiert lentement, malaisément) il vous signifie votre chosification.

Je rappelle que les nazis substituaient au plus tôt à votre nom (partie intégrante de votre sentiment d exister) un numéro (soit une désignation abstraite, homogénéisante et chosifiante).
Dans toutes les sociétés humaines un des premiers actes de la socialisation, de l'intégration dans la société humaine c est l attribution d un prénom qui vous fait être à vous-mêmes et aux yeux (yeux!) des autres.

Vous n êtes plus personne mais UNE personne, unique, singulière, incomprable, ayant le droit et le devoir d exister.

Pour vous pour les autres et pour ceus qui vous aiment...

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