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Choses vues entendues sues
18 novembre 2016

Les autres, moi, la société

Toujours dans la rétrospective que je construis peu à peu et de ma vie et de la vie en général (l avenir est derrière moi; comme tu dit Renaud: "On se retourne et on s'aperçoit qu on a vieilli") je me concentre en ce froid matin de novembre sur une dimension importante d un homme qui ne voyait pas sa vie, telle qu elle s'est déroulée, à l image de cette froide météo de novembre...

Savoir "moi et les autres". Je partirais d une remarque inspirante d un de mes psychothérapeutes: "pensez à ce qu on se fait les uns aux autres".

Je serais tenté , à partir d une vision pessimiste de l homme ( et de la vie, on sait pourquoi...), de mettre l accent sur la grande solitude originelle: premier-né, pas vraiment aimé ou pas aimé comme il faudrait, savoir dans le respect de sa personne, telle qu' elle est, dit rapidement. Seul par timidité sociale (on a devant soi les "modèles" parentaux), seul par confort aussi sans doute, seul parce que seul dans la réalité familiale pendant six ans avant la naissance d un frère avec qui j ai joué (comprendre partagé des jeux et "utilisé" sans le savoir comme doudou)...
L adolescence, âge-clé s il en est fut marqué par la douloureuse découverte de ma sexualité à la fois troublée, bouleversante et censurée. Je sais maintenant qu' il ne faut pas censurer ce qu on est, car le coût de la censure est élevé. De ce fait, à mon corps défendant, mon frère,  fut pour moi l unique débouché de ma "tendresse" et de ma "sensualité" pour reprendre le distinguo freudien que je trouve toujours opérationnel. Il a donc joué un rôle en comblant le vide de ma vie d'alors car j avais quelques camarades et un ami et encore. La peur toujours lovée au fond de moi; de quoi? Je ne sais le dire: le corps qui vous surprend, vous piège, vous désobéit...L obéissance à une morale rigide, celle de ma mère, d autant plus prégnante que non-dite.

Point de sexualité donc ( jusqu à 29 ans!), l explosion d une terrifiante névrose d angoisse, après l arrivée de mes parents à Paris qui m a fait demander mon hospitalisation (je n oublierai pas de sitôt mon voisinage dans ce service par ailleurs bien géré avec un autre jeune homme, lui psychotique qui passait son temps à changer de vêtements et cette jeune vietnamienne qui pleurait sans cesse...Trauma posttraumatique?), enfin dans le sillage de la libération des années 68, ma découverte de ma propre sexualité, pas celle que j aurais aimé avoir.

La vie m a appris (trop) tôt qu elle ne propose ^pas (ou si peu)  mais (s') impose..

D où renforcement de la solitude déjà présente,  cette fois légitimée, rationalisée (en langage analytique) par la découverte de la différence. Ce sentiment, surdéterminé, d être différent pas, comme les autres, m aura poursuivi toute ma vie durant...Comment être bien avec les autres, quand cette étiquette autocollée vous donne une fort sentiment de ne pas être à sa place (où est ma place: toujours ou trop vieux ou trop jeune ou étranger ou pas assez intellectuel ou trop intellectuel ou différent par le choix d objet ou trop froussard ou trop ceci ou trop cela). L "étrangèreté" comme être- au- monde. Le parti de me retrouver parmi les "miens" (que ce soit ceux-ci ou ceux-là) ne me va pas non plus. Ce serait cette fois l impression d être dans un ghetto (et le ghetto n est pas pour moi une réalité exotique et curieuse, mais une représentation vivace dans la tête; la psyché culturelle a une longue mémoire).

Alors a commencé un long, long, long parcours (qui se poursuit) de psys en psys qui  n a servi à pas grand chose...de décisif. On ne change pas comme çà.
Comme déjà dit, un seul praticien m a sorti des griffes de la maladie mentale; le bon Dr Haim qui en quelques mois m a libéré de l angoisse aiguë; je devais entreprendre une longue analyse avec lui.

Le sort en a décidé autrement: cet homme exceptionnel par son savoir et son humanité a été enlevé à sa famille et à ses patients, mort dans un accident de la route avec son épouse si distinguée et ses enfants. Absurdité de la vie...

Le décor est planté, celui de mon paysage intérieur et humain. 

Dans cette vi, peu d amour donc ou une seule fois à 32 ans mais ce fut impossible pour des raisons de morale petite-bourgeoise et j en ai souffert et une autre fois oui mais ce fut impossible car l amie d une amie (type de femme-enfant comme une image en miroir de moi au féminin) était déjà mariée...

Quant aux autres relations: je distinguerai les relations de travail en général moyennes ou distantes, les relations de voisinage nulles dans cette ville dure, les relations de la maturité limitées à un bon ami, un autodidacte protestant alsacien dans mes âges, aux grandes qualités morales avec lequel j' ai partagé bien des moments assez heureux (bons reaps, joli voyage en voiture dans ce beau pays de Loire; il était dessinateur chez Michelin, syndicaliste et autodidacte. Contact chaleureux et ouverture d esprit; générosité du coeur. et à deux ou trois relations d études sympathiques. J ai gardé un eexcellente image des protestants; quleque part je leur ressemble un peu (mon côté kantien); d eplus je n oublierais pas leur courage pensant la guerre: Chambon-sur-Lignon. Eux en tant que minorité savent que c est d être minoritaire et pas-comme-les-autres...

Actuellement j ai retrouvé une amie que j avais perdue de vue, prof d allemand à la retariet, yiddisshophone dans sa jeunesse, mariée à un avocat, deux jeunes gens (je comptais m établir avec elle; une fois encore la vie en a décidé autrement). J ai enfin parlé maintes fois de ce jeune homme avec lequel je souhaitais gardé un contact; une fois encore déception...
Et maintenant que la fragilité arrive, une fragilité qui n est plus celle de l enfance, marquée par la maladie et la mort, ni celle d une adolesence niée, mais celle de l âge que je découvre (a-t-on remarqué que tout ce qui importe dans cette vie, on le découvre impréparé, désarmé, seul in fine?); c' est la société cette fois qui a changé alors que je suis en demande et  fortement précarisé les relations comme les êtres et pour diverses raisons (crise économiqye perte des repères technologie de la non-communication etc) aliéné l homme qui est pire pour ses "semblables" que dans la vision hobbesienne. Pour le peu de famille que j avais, je n' existe plus. C est un phénomène sociétal, me dit-on; très bien mais pour moi, c est une catastrophe personnelle et un désastre.

Mais qu y puis-je? Rien...

"Du haut de mon âge", je contemple la scène de ma vie; je résume: des êtres , très rares, m ont donné de l affection, d autres, la majorité, je leur étais indifférent, d autres rarissimes m ont haï (je n' ai ps encore parlé de ce petit chef sadique qui était sur le point de me rendre fou si très vite je n avais pas quitté les lieux, aidé par mon syndicat et une inspectrice bienveillante, une antillaise qui a un coeur; un monstre sous les traits de la bienveillance, ce petit chef à la méchanceté froide (ça ne vous rappelle rien?) encore un spécimen d "humanité" que j ai croisé)

Et aujourd'hui ? Est-ce un hasard, le choix de ce thème,  que ce soit le jour de la visite à ma mère, emmurée dans la solitude de la maladie, avec un frère qui décidément ne veut et ne peut me rencontrer que dans ce genre de circonstances. Je ne peux faire autrement. Chacun est libre. A mon avis ce frère qui a tant compté dans mes annéesd e formation solde de vieux comptes, fondés ouvent sur des malentendus (ah! Gide "familles, je vous hais!")

Je vois bien que je dans le jeu bien peu ouvert des "propositions" de la vie, je n ai guère eu beaucoup de choix; en cela, reconnaissant par ailleurs le génie de Sartre, je ne le suivrai pas dans sa théorie de la permanente possibilité de choix de l'être humain. Je ne crois pas en cette belle autodétermination; nous sommes bel et bien déterminés, avec une faible marge d liberté.

La leçon de cette existence, la mienne?

A nouveau, une image: le vie est comme une grande bataille (la Bhagavad Ghitâ le Livre de base du monde indien est le récit d une bataille, Homère développe le récit de la guerre de Troie dans "l iliade", la Bible bruisse de guerres...Est-ce un hasard?). Une bataille avec tous les ingrédients: les choix planifiés du stratège dictés par la raison, le terrain qui déjoue le plus souvent le calcul (météo inattendue, accidents, bref les aléas multiples) et la mètis (les Grecs désignaient ainsi cette aptitude à tirer parti des circonstances même adverses, une sorte de ruse sans la péjoration; Ulysse en a fait preuve dans l' autre épopée d Homère, l Odyssée).

Mais au delà et de la raison et du hasard et de l intution et de la mètis; la bataille de la vie ne saurait être non gagnée mais bien menée sans le concours d une force supérieure, destin ou Dieu (ou soyons classiques: dieu de la bataille).

La bataille de la vie exige un sacrifice , à un dieu, à soi, ou de soi...

C est une conviction... et une leçon de cette dure vie et une proposition irrationnelle oui.


Mais cette raison, dont nous sommes si fiers, j ai vu ce dont elle est capable et coupable...

 

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