Violence et tristesse

Je reprends à mon compte ce que disait un jeune sur un site de rencontres; comme ça, je souhaitais voir ce qu'il pensait de cette époque bénie des dieux, la nôtre; il la trouvait "violente et triste".

Je ne saurais mieux dire que ce jeune, manifestement lucide; on pourrait rétorquer: il ne fait que reprendre les mots des adultes, oui mais il les reprend.

Je suis loin de l'image que je me faisais à tort d'une jeunesse insouciante, festive, happée par le moment présent. Naïf que je suis! Il faut savoir que la "gaité" des jeunes si elle existe n est qu apparente et donne le change.

De nombreux faits viennent démentir cet angélisme (que j ai souvent en partage sans doute pour me protéger): taux de suicide important chez les étudiants (les études deviennent complexes et la compétition est féroce); le recours à la prostitution même épisodique, même dans la bourgeioisie, est notable (cherté croissante des études, envies à satisfaire, notamment des "marques"; notre société valorise le paraitre), le recours à la drogue, aux beuveries sauvages, l'exploitation scandaleuse de cette jeunesse dans des emplois précaires, répétitifs, fatigants; pour les plus fragiles, le basculement dans la petite, moyenne et grande délinquance et, cerise sur le gâteau (qu on me pardonne cette facilité de langage) maintenant la criminalité barbare type "promenade des anglais"; on devrait la rebaptiser cetet chère promenade, "boulevard de la terreur").

On est loin des clichés: les jeunes font la fête, fréquentent les bars, discutent jusqu à des heures avancées (mais de quoi donc?), vont dans des boites, se livrent aux excès ( rapports non protégés) mais toute cette exubérance me semble triste elle-même, comme un réactionnelle, face à une société qui les adule et contradictoirement les abandonne, face à un monde qui ne fait plus sens et où la morale est pulvérisée par le culte de la marchandise, le clinquant, la réification des êtres, le cynisme et...depuis ces deux ou trois dernières années le règne de la terreur.

On disait il y a peu: il faut que jeunesse se passe, c est toujours vrai; mais qu elle se passe de cette manière désespérée, ça c est neuf!