Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Choses vues entendues sues
22 juillet 2020

La violence dite "gratuite"

On parle beaucoup d'actes de violence  gratuite en ce moment en France et je voudrais m'interroger sur ce concept qui fait les "délices" des médias et des inévitables réseaux dits "sociaux".
D'abord la violence qu'en est-il? Notion fourre-tout et assez complexe à définir; on peut s'arrêter à cette définition d'atteinte à l'intégrité de la personne ou aux biens, avec cette idée de destrucitivité, volontaire ou impulsive; dans tous les cas, en régime démocratique, elle tombe sous le coup de la loi.
On a pu citer l'acte odieux dont a été victime un malheureux conducteur de bus qui n'a fait que son devoir; il a simplement exigé d'un passager le port du masque, celui-ci, fou de rage (et c'est ce que je crois, ce peut être un acte de sang-froid)l'a exécuté, comme çà...
C'est insupportable et la raison comme le sentiment ne peuvent que rejeter cet acte odieux; il me revient en mémoire ce paroles proférées par un quidam dans cette ville de beauté, Cannes; un homme s'adressant à un autre, dans une colère noire: "je vais t'arracher la tête". Rien que çà; même moi qui en ai tant vu, j'ai été sidéré, pétrifié, incrédule face à cette extrême violence qui était porteuse de mort.

La violence au bout de sa logique vise en effet la mort de l'Autre; il DOIT être rayé de la planète définitivement. Bien entendu la violence a pu être déclinée: on parle de violence symbolique, celle des racismes, de la misogynie, de la misandrie (eh oui, çà existe, la haine des hommes, des mâles), de violence institutionnelle, celle des lois aussi, en particulier dans les régimes totalitaires mais pas que, hélas...

Violence gratuite, pourquoi gratuite? Il s'agit d'une violence sans motif, comme çà pour elle-même où la fin se confond avec les moyens; je tue pour tuer; de nombreux exemples nous parviennent des usa, pas seulement. Et cela évoque l'acte gratuit illustré par Gide, dans un de ses ouvrages. Un passager de train pousse un homme, inconnu de lui par la portière. Comme çà, sans raison, sans motif, comme on se gratte le nez ou l'oreille ou on ajuste ses lunettes.
Le film de Kubrick, "orange mécanique" illustre ce type de violence redoutable puisque tout le monde pourrait avoir à en connaître. Des jeunes maquillés s'attaquent à un couple tranquille en détruisant tout en en s'en prenant sauvagement aux occupants de l'appartement; extraordinaire prémonition; je pense au sinistre Mansion qui avec "ses groupies féminins" s'est livré à un massacre à l'encontre de l'épouse enceinte de Polanski et à d'autres personnes plus à une dévastation du logement; je note au passage cette pulsion de détruire, biens et personnes, dans un accès irrésistible.
J'avoue que face à cela ma première réaction est l'incompréhension; ma raison est débordée...
Pourquoi? J'observe d'abord que chez tout un chacun, moi compris il y a un potentiel de rébellion (à chacun ses causes: enfance malheureuse, récente infortune, ressentiment, etc) mais comme disait Freud, le bon se contente de rêver ce que le méchant, lui, accomplit. Ou encore le bon, retourne contre lui le vecteur de destruction: le masochisme, l'intériorisation du mal contre soi; ou encore la capacité de créer dans la mesure où créer c'est détruire aussi (remplacer ce qui existe par ce qui n'existe pas) et sublimer pour parler de manière freudienne.
Certes on pourrait aussi référer aux causes globales, sociétales de la violence, à l'anomie signant comme dit Durkheim la non-intégration de nombre de gens dans la société; je sais de quoi je parle...
Mais reste la gratuité, le pourquoi d'un acte ou d'une parole sans raison(s).
J'avoue mon impuissance à comprendre; et si notre cerveau dont on décortique de plsu en plus finement la formidable complexité n'était pas aussi le siège de bugs.
Mais cette réponse ne me satisfait pas, cache-misère de mon ignorance.
Je repense tout-à-coup au film "Elephant" de Gus Van Sant; dans un lycée américain deux adolescents font un carnage pour se venger; le film est inspiré d'un fait réel, la fusillade de Columbine: 12 étudiants et un professeur abattus, de sang-froid; il est vrai que ces deux élèves avaient souffert pour l'un de matraitance et pour l'autre de mépris. Mais ici il y a des motifs répérables même si la "vengeance" est hors proportion!
Enfin, hier je parlais de cette violence à la psy; pour elle, vu la situation critique de la psychiatrie en France de nomberux malades non soignés, circulent.
Mais cela déplace le curseur et c'est la réponse d'un médecin et d'une spécialiste qui défend sa chapelle, et c'est légitime;
Je reste insatisfait; l'acte gratuit se justifie par lui-même, le serpent se mord la queue.
Et si la volonté d'"expliquer" la violence gratuite pointait notre désir fou de comprendre, humain, trop humain? Et à ce niveau, restons humbles...
Reconnaissons nos limites, aussi insupportable que cela nous est pour nous.

Il y a plus de choses sur la Terre et dans le Ciel que dans toute notre philosophie, Horatio Shakespeare

Publicité
Publicité
Commentaires
J
oh que oui!<br /> <br /> çà me travaille pas mal mais bon comme on en parle depuis des siècles sans solution aucune je conclus que c'est un problème insoluble; çà a le mérite de nous faire cogiter au moins!
Répondre
B
Bjr, c'est un sacré sujet ça...
Répondre
Choses vues entendues sues
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 20 255
Publicité