La nécropole
Acte final des obsèques de notre maman; elle repose à présent dans le "caveau" de son mari, mon père dans le carré juif de l'immense "cité des morts" de Pantin parisien. (en même temps deux autres inhumations, l'une asiatique et l'autre juive avec un grand concours de gens.
Cérémonie extrêmement éprouvante (puisque mon frère et moi sommes dans un premier temps allés au funérarium, cett fois dans une autre salle; dernière photo de notre maman avec son petit poupon (elle avait le coeur pur, cette femme: mon frère en a eu l'idée) et émouvante (pose du couvercle sur un cercueil "écologique"; ma mère épousa très vite la cause)
Le fourgon funéraire a parcouru à vive allure la distance entre le funérarium à Paris, face au Père Lachaise et Pantin.
A l'entrée, nous attendait une groupe de femmes, dont ma belle-soeur et ma nièce que je n'ai pas reconnue; elle m'a paru très belle et si jeune.
En plus ma tante, belle-soeur de ma mère et sa fille que j'ai reconnues (les deux femmes se sont mises à pleurer en m'étreignant; ma tante disant: "je t'aime beaucoup Gilou"; ma cousine la plus âgée, Véra (qui a eu sa part de malheurs), médecin rhumatologue à la retraite (je me sens très proche d'elle), deux amies de mon frère, l'une catholique et l'autre protestante (elles ont assisté au mariage civil de mon frère à Trouville et au décès de mon père); enfin je reconnus Cécile, mon amie "de toujours" avec son mari qui ont affronté la terrible circulation parisienne.
Le fourgon s'est ébranlé suivi par des voitures des Pompes funèbres pour les gens venus à pied.
Enfin, sur les lieux de l'inhumation, nous vîmes arriver presque en courant deux "frères" de ma loge; j'étais très ému ainsi que mon frère car je ne m'y attendais pas, deux autres s'étant désisté sur le tard. J'ai appris que des fleurs allaient être déposées sur la stèle avec une petite carte au nom de toute la loge.
Deux petits discours, le mien en premier comme aîné avec le rappel de ce que fut cette dame: grande bonté, simplicité, discrétion, amour de la poésie, de la musique, quête de la perfection dans une très longue carrière au sein de l Education Nationale; une femme moderne avant la lettre; j'ai évoqué Ste Thérèse de Lisieux, Docteur de l Eglise catholique qui fit tant de choses dans sa courte vie (24 ans!).
Parce que ma mère est décédée, je l ai su "par hasard" juste après les journées thérésiennes et parce que (heureux souvenirs Lisieux est sur le chemin de Trouville, lieu de si bons moments en famille; la basilique dédiée à la sainte domine, écrasante la ville de Lisieux.
Par ailleurs ma mère nous a quittés entre les deux plus grandes fêtes du calendrier juif, Rosh Hashana (jour de l'an de 5780, dans le calendrier juif) et Yom Kippour, jour dite "du Grand Pardon".
Je souhaitais une intervention de Madame le Rabbin Delphine Horvilleur, du judaïsme réformé, en hommage au féminsisme spontané de ma mère mais ce fut impossible, vu l'agenda surchargé de cette dame; en revanche, avec l'accord de mon frère, je récitai le Kaddish, courte prière tirée d Ezechiel que l'on lit tarditionnellement lors d'un décès devant le cercueil, au funérarium.
Mon frère quant à lui insista sur la carrière exemplaire de ma mère, son perfectionnisme, son indépendance d'esprit.
Plusieurs fois ma voix s'étrangla et je fis deux petites erreurs mais je tins bon. Après tout, à sa manière, elle fut une mère-courage. Elle fut interdite de travail sous Vichy pendant deux ans sans compter une "perquisition" où des fonctionanires zélés se sont "servis", emportant des meubles de notre petit appartement
Le soir je remerciai les deux "frères" (l'un d'eux a du mal à marcher) le soir encore par téléphone; l un n a pu répondre mais grâces lui soient rendues; il parla avec moi trois soirs de suite au téléphone pour me "détendre".
L'autre a pu répondre et apprécia les deux discours et passa outre mes petites erreurs; avec une grande finesse il sut dire mieux que moi les choses. Il me dit à juste titre que ce n est pas le nombre qui compte mais la sincérité. des gens. Il a "compris" clairement ce qu'"était" ma mère.
Le soir encore je reçus un sms de Marie-Hélène, mon amie alsacienne catholique qui a prié pour le repos de l âme de ma maman; encore très ému par ce beau geste...
Je fus raccompagné chez moi par le mari de Cécile qui se dit spinoziste avec le terrible argument qui me parle: comment Dieu, s il existe, a-t-il pu permettre la Shoah? lui et Céciel sont d'origine polonaise et ashkénazes, sans compter le 1er des génocides des temps modernes, celui du million et demi d Arméniens par les Turcs et, avant les 80 millions de morts de la Traite des Noirs.
Cécile me montra les 1ères photos de sa fille partie en Inde pour le mariage d'un camarade étudiant qu elle a connu à Vancouver. Mille personnes, 50.000 photos, costumes et bijoux: fabuleux!
Mon père dans le fourgon culpabilisait: on aurait du transférer ma mère dans un autre ehpad dès le départ de la dirctrice et son rachat par un fonds de pension; oui on peut toujours faire mieux et encore mieux mais c est un sentiment courant chez les endeuillés; à mon avis, nous nous sommes comportés en "bons fils" dignes de notre mère en nous rendant six ans durant dans cette banlieue terne de Paris pour rendre visite à notre mère. Et - ne l'oublions pas: Alzheimer, c est une maladie lourde avec rien encore en matière de vraie thérapie!
Comme j ai dit dans mon petit discours une valeur est au coeur de la foi juive: la Vie.
Célébrons-la, cette vie en respect de cette valeur, et en respect de ma mère et de nos chers disparus; iles restent vivants dzns nos coeurs...
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