La méditation, quels effets?

Mon "ami virtuel" canadien ou québécois (j'ignore ce qu'il convient de dire) , un sage authentique qui a la gentillesse et le courage de suivre mes billets me demandait ce matin ce que m'apporte vraiment la méditation que je pratique, je le rappelle, depuis 4 ans environ à raison d'une heure/jour, 1/2 heure le matin, 1/2 heure le soir avant le coucher.

Je vais essayer de répondre à la question ; mon correspondant me demandant avec pertinence ce que j'attends , moi, de la méditation.

Je lui ai répondu en privé mais je souhaite ici donner un plus ample développement à ma réponse.

Tout d'abord ce qu'elle m'apporte: une occupation mais plus sérieusement je dirais que la réponse est ardue parce que, vu mon état, je prends des médicaments, je suis une thérapie, je pratique un yoga personnalisé (séance de 20 minutes environ après la méditation parce que j éprouve le besoin de "dynamiser" mon corps.

Compte tenu de cette difficulté méthodologique, j'ai noté des in-sights mais moins maintenant, des prises de conscience, des sortes de flash, une légère amélioration de la confiance en moi, et (mais est-ce l'effet de la méditation?) une plus grande sensibilité à la beauté (voir les billets précédents) et une plus forte sensibilté au monde animal (toujours, est-ce l'effet de la méditation ou celui de l'esprit du temps?).

Pour me résumer si effets il y a ils semblent bien modestes par rapport à l'effort consenti...

D'autant que lecteur de la sagesse orientale comme on sait, on a l'impression qu un bouleversement de la vision du monde et un changement structurel de l'être sont à attendre de la méditation sans compter les dires de Midal; pour lui, c'est un levier sans égal au point que cet homme hyper-dynamique (mais comment fait-il pour savoir tant de choses? où trouve-t-il le temps? comment garde-t-il ce moral et cet allant?

Je suis vraiment très perplexe.

Cet écart entre ce que je lis et apprends et mon vécu très difficile est trop grand...

J'apporte le témoignage de mon frère qui pratique aussi la méditation; il n'a guère changé de manière décisive (peut-être est-il un peu plus souple mais c est marginal); il m'a dit un jour qu il a tenté de ne pas pratiquer "pour voi" et que çà lui a manqué: comment et pourquoi? Mystère.

Mais je terminerai sur une note optimiste ( c est rare chez moi n est-ce pas?): mon frère a évoqué un ami octogénaire qui a vu un maître indien à Londres (de fait on les rencontre souvent à Londres, ces maîtres, pour les raisons évidentes): le croisement des regards simplement a radicalement bouleversé sa vie; qu'on en juge: cet homme s'est stabilisé, a pratiqué de lui-même la méditation, a écrit un journal de bord où - ô surprise! - il retrouvait empiriquement les ensiegnements bouddhiques sur la vie, le réel, le monde, etc et -last but not least - s'est mis à peindre!

J'ai pu observer de visu la qualité de sa peinture, entre Soulages et calligraphie chinoise ou zen, des coulées d'encre de Chine sur fond blanc (papier cartonné en guise de couverture à un ouvrage du Dalaï Lama que m'avait prêté mon frère). J'ai "senti" le dynamisme de cet homme, la puissance expressive de ces tracés...

Par ailleurs ce Monsieur est pacifié, calme, créatif aux dires de mon frère. Totalement changé.

Ce qui renvoie à la tradition indienne du darshan: moment où une personne est en contact visuel direct avec un maître spirituel. De nos jours Amma, Meera, pratiquent le darshan.

Midal, lui, qui a rencontré plusieurs maîtres a dit son saisissement en la simple présence du Dalaï Lama.

En ce qui me concerne, j ai pu me rendre à Londres, il y a longtemps pour recevoir "les bénédictions" d un maître (pîr) pakistanais à un publiv mêlé dont une importante délégation française; aucun effet.

Mystère pour nous occidentaux, empêtrès dans le rationalisme qui est notre "marque de fabrique".

Je suis sur le point de terminer la lecture d'un témoignage fascinant d un psychiatre étatsunien, Samuel Sandweiss sur Sathya Sai Baba, un avatar (incarnation d'un dieu venu sur terre; le dalaï lama est considéré dans le bouddhisme aussi comme un avatar). Malgré des conditions de vie presque insupporatbles pour un scientifique de San Diego. De plus Sandweiss était au départ agnostique;

Ce dont il témoigne est impressionnant: Sai Baba, ce petit homme (1m50) laid presque repoussant était capable de charismes exceptionnels: bilocation (être ici et là), création ex nihilo d objets, fort impact sur les visiteurs (sensation d'amour) etc; ce que la tradition indienne appelle "siddhis" ou pouvoirs spéciaux (il paraît que ces pouvoirs sont moindres ou occultés ou non exhibés, en tout cas méprisés parce que n ayant que peu d importance sur la voie de la "réalisation")

Je n en demanderais pas tant...
Je ne sais comment conclure: demandé-je trop? Ne suis-je pas assez avancé au plan "spirituel"? exagéré-je mes épreuves? Ne mérité-je pas ce qu ont vécu ce psychiatre, Midal, cet ami de mon frère, et le fameux Arnaud Desjardins dans ses films et ses ouvrages?