Le tour du propriétaire
Je ne trouvais rien à dire ce matin sinon à répéter (mieux: à radoter compte tenu du contexte; aussi, tout en revenant sur la soirée empreinte d'émotions; çà existe encore dans un pays profondément malade oui et une ville si froide. Du moins vue de moi.
Aussi je me propose de réfléchir au tour du propriétaire du médecin richissime qui m'accueillit chez lui. Je me dois de préciser que je connaissais déjà son salon "asiatique"; il m'avait reçu avec une amabilité exceptionnelle et simplicité alors que je postulais pour entrer dans l'obédience à laquelle il appartenait et j allais appartenir; depuis suite à un conflit entre personnes et au delà d'ordre "idéologique", lui d'abord et moi, ensuite, avons changé de "groupe d'apprartenance; Nous sommes de la même organisation plus puisssante que l ancienne. Eh oui, les conflits, çà existe partout, " c'est la vie" (il parait que même dans les ordres religieux les plus stricts, il y a conflit).
J'étais arrivé à l'heure et c'est chez moi une habitude ancienne et c est ce Monsieur qui m accueillit; il m introduisit au salon que je reconnaissait vaguement et me présenta sa femme, psychiatre assez âgée mais toujours en activité; je la trouvai rigide en comparaison de son époux.
Celui-ci après m'avoir offert un verre d'eau me fit visiter l immense appartement de 250m2. J ai déjà brièvement décrit les pièces de ce logement de riches cultivés, dans un des endroits les plus côtés de la capitale (cela n étonnera pas ceux qui commencent à me connaître; passant devant les façades de la proche avenue Georges Mandel, j imaginais les brillantes réceptions chez les Montesquiou, chez la Comtesse de Noailles, chez Mme Strauss à l'époque de Proust).
Je ne sais pas comment interpréter cette visite "commentée" avec force détails sur l origine de telle statuette, les livres choisis par une lectrice de la grande librairie du quartier pour Monsieur, l'orgue, le salon de lecture, les souvenirs de voyages partout dans le monde (pas de la pacotille comme chez moi, non des pièces de musée!) etc
J avais dit sentir un pénible sentiment d écrasement (il va de soi que en comparaison mon home, je l ai ressenti comme un garni). Je crois que tout est dans l intention.
On parle pour dire quelque chose à quelqu'un, lui signifier un sens, générer en lui un sentiment, se rapprocher de lui ou au contraire s en éloigner, en imposer, etc.
Cet homme distingué, appartenant à l'élite de sa profession n a pas besoin de s imposer car il est déjà un dignitaire de l organisation à laquelle nous appartenons tous deux.
Pourquoi en rajouter alors? C est clair qu il est "supérieur" à moi ne serait-ce que par son quartier (j ai déjà dit que j ai donné des cours avenue Georges Mendel, tout près là même où est décédée la grande Maria Callas).
Il y a deux interprétations possibles en grossissant les choses.
Soit il ressentait le besoin de s'imposer; oui mais ce besoin ne traduit-il pas une incertitude sur son statut pour insister de la sorte? Curieusement, il m'a fait penser à ces nouveaux riches qui sont, avec les vieilles familles françaises le fond de la population du triangle d or Auteuil, Passy, Trocadéro? avec son collier d or fin et sa montre de collection en or également, ce qui m'a paru justement "nouveau riche"...
J ai appris en voiture qu il avait eu une enfance difficile, avait été plus ou moins adopté et qu il a du travailler dur; certes mais l homme est - aussi - doué...
Quelque chose dans ce couple âgé m a touché; la dame (très, trop réservée) m a précisé que lui et elle se connaissaient depuis leur tendre enfance.
Soit en détaillant ses richesses, ses voyages, sa connaissance de la musique, il voulait me témoigner de la confiance; tu vois un tel homme face à toi est ton ami et ma brillance rejaillit sur toi.
Mais j opterais pour une réponse mitigée: il vient de perdre une personne proche et il n est plus tout jeune. Cette ostentation assez douloureuse pour moi signifiait-elle une manière de réassurance dans le genre: "je ne suis pas fini, j existe encore, je vis encore"?
J existe par mes possessions au moins; c était pour lui une manière de me "dominer" même gentiment; oui mais on ne domine que celui qui compte même un peu, pas un inconnu, ou quelqu'un qui vous est indifférent. De mon côté sous le choc de la surprise j essayais d aligner de petites choses en ma faveur mais je crois qu il n écoutait pas...
D'un autre côté me prendre dans "sa" voiture avec son épouse, que moi, pas d'autres n est-ce pas une preuve de proximité?
Je ne saurais conclure.
Mais comme je suis pessimiste et d'humeur pessimiste (légèrement teintée de tendances paranoïdes) j opterais pour la première hypothèse, celle de l'écrasemnt de l autre perçu comme insignifiant, définitivement insignifiant.
Je me demande si la psychologie du riche ne comporte pas nécessairement cette dimension de mépris.
Cf Macron et le petit peuple jeté aux oubliettes de l Histoire...
Mais ceci est une autre histoire...et la même et toujours.
Le Musée Balzac, au fait, qui a excellé dans sa peinture de la richesse dans tous ses aspects, se trouve dans le 16ème, rue Raynouard.
Nil novi sub sole