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Choses vues entendues sues
9 juin 2019

Une journée particulière

Je sors si peu de ce Paris intra muros étouffant et stressant, comme l a qualifié mon amie de Biarritz; tu ne crois pas si bien dire, toi! Elle m'a conté sorties, vacances, vastes appartements à cet homme, plus seul que jamais, avec maintenant sa thérapeute, partie aussi. Les gens se font du mal les uns aux autres sans s en rendre compte; je suis naïf mais à mesure que les épreuves de la vie se succèdent je le suis moins. Et je crois qu'il y avait chez cette femme-âgée-en-jean-et-baskets une manière de me dominer; après tout ne sommes-nous pas tous pareils?

Mais je crois - histoire de comprendre cette "volonté de dominer" - que cette amie a eu aussi sa dose de malheurs: pas d'enfant, un mari taiseux et sans doute exigeant (un fils unique, gâté), un cancer de la peau, des acouphènes qui peuvent empoisonner la vie (je connaîs). Sans compter ce "misérable petit tas de secrets" dont parle Malraux qu'est toute vie. Alors elle compense comme nous faisons tous.

Mais là je suis dans la phase aiguë de la tristesse avec la dureté et la brutalité totalement inattendue du dernier lâchage qui me fait penser à ce qu'aurait dit Jules César, oui le grand Jules César, celui qui a conquis les Gaules et a donné du fil à retordre au scripteur de ces lignes alors qu'il devait traduire le formidable conquérant.
"Tu quoque, fili mi!" Et toi aussi, mon fils aurait dit l homme d État romain lors de son lâche assassinat par un groupe d hommes dont son fils adoptif.

Je le comprends, maintenant et je perçois dans son cri préludant à sa fin, l amour, la surprise, la peine, le choc, un peu ce que je ressens moi-même. En évoquant cet homme illustre, je me hisse à ce niveau par l'écrit et du coup ma tristesse n est plus tout-à-fait la même.

La souffrance est partout chez les grands et chez les petits; un jour toi, un jour moi. Mais voilà chez moi, c est l overdose. Je pensais avoir trouvé sur la fin un peu de répit, mais non!

Je reviens sur ma journée d'hier pas à Naples ni à Dublin ni à Reykjavik (allusion aux voyages incessants de ma copine Monique) mais à Neuilly/s/Seine, banlieu bc-bg s il en est...

Magnifique conférence sur les symboles, ces objets ouvrant sur l autre de nous et du monde: l intelligence à l état pur dans ses oeuvres...

Un homme au visage buriné, aux traits de grande noblesse, le teint halé, une belle barbe blanche bien taillée (tiens, tiens, comme moi il porte une chemise noire; j aime cette couleur noire) de faire un magistral exposé sur ce thème piétiné et banalisé des symboles devant une petite assistance attentive de membres de diverses obédiences. La conférence, faite avec le ton voulu, le calme et la maîtrise souhaités a emporté mon adhésion et, par contraste, mis à jour mes propres limites.
En homme de réflexion, il a renouvelé ce thème usé. Il aurait pu se contenter de compiler les classiques du genre et de nous livrer une nième édition de cette compilation...Oui un peu car il faut bien tenir compte des recherches des devanciers. Non,  l objet prenait de nouvelles dimensions et nous livrait des aspects inattendus. Son esprit alliant avec souplesse analyse et synthèse reprenait à nouveaux frais le sujet. La philosophie, ce n est pas seulement se fonder sur ses prédécesseurs mais regarder avec les choses avec un nouveau regard.

Et dans une belle envolée il a su conquérir son auditoire pourtant averti; il a su rapprocher ce monde fabuleux des symboles de notre propre obscurité, notre nécessaire obscurité que nous cherchons à éclairer tout une vie durant; il a magistralement établi les liens nécessaires dans cette quête avec  nos frères humains; Descartes s'est contenté de se découvrir seul dans "son poële"; lui a démontré que c est l autre à qui sait l entendre qui me fera peu à peu conquérir la dimension obscure de mon être.

Mais qu est-ce donc que l intelligence sinon cette sublime faculté: celle de tisser des liens entre ce qui est séparé, ici entre les savoirs, entre les idées, entre les vécus...?

Intelligencia de "inter" entre et legere "recueillir". 

 

Au moment des questions je ne trouvais rien à dire, comme paralysé...Mon voisin, de la même obédience, originaire de St Germain en Laye, pareillement.
Derrière le conférencier , il y avait un homme comme moi ou plutôt comme je pourrais être un jour peut-être et, pour un temps au moins, j oubliais la petitesse  ordinaire et m imprégnais de grandeur...

 

 

 

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Commentaires
P
Merci, Jean-Louis. Je vais réfléchir à cela.
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P
Bonjour Jean-Louis, accepterais-tu de m'expliquer "nécessaire obscurité" ?
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