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Choses vues entendues sues
14 mai 2019

Remerciements et pression

Il me suffit de peu de choses finalement pour être un peu mois englué dans le malaise: deux sms gentils, le retour du soleil avec quand même une bise (en mai!), des élèves qui me font confiance...et l'incroyable succès du billet d'hier.

J observe au passage que ce que l'on écrit comme ce que l'on dit comme ce que l'on fait n'est pas du tout assuré du "succès". On a souvent un résultat imprévu. Et c est tant mieux cela nous sort de nous-mêmes; on est mauvais juge de soi et de ses actes.

Hier un petit (peut-être est-ce cette brièveté qui a pu faire bondir la courbe?) billet sur une anecdote de gosse et le pic est atteint.

Autre sujet de satisfaction pour ce petit moi: les quelque 900 suiveurs sur Linkedln.

Et alors? Très bien on est content mais...Et c est le mais qui fait la différence; cependant, je ne cracherai pas dans la soupe...

 

C'est de cette pression du titre que je voudrais aujourd'hui m'entretenir.

L'occasion m'en est donnée par la petite jeune fille d'hier sur Vanves, banlieue assez "classe" (et déjà çà fait du bien au moral); je la suis assidûment depuis septembre; elle est en seconde dans un école privée (voilà la France dite "républicaine de ce sinistre 21me siècle: à l'américaine, on a les gens aisés d un côté qui vont dans les meilleures écoles et les pauvres de l autre qui vont dans les écoles qui reproduisent la misère sociale). Cette élève s est mise à me tutoyer hier, c est un "bon signe": elle m'apprécie; je ne le prends pas mal..

Paradoxe de la segmentation scolaire, un de plus: les élèves qui demandent du soutien sont déjà assez bons voire bons , sont déjà dans les meilleurs établissements et encore les parents demandent en plus du soutien et votre serviteur en profite, oh très, très modérément...mais en profite, car il a l impression de servir encore. Oui cette société qui pourrit par la tête comme disent les Chinois a au moins cet avantage, très relatif...

La pression donc; cette jeune fille, par ailleurs agréable que j appellerai  Martha, "me met la pression " comme on dit en ce temps de violence anti-humaniste. Sitôt arrivé, alors même que je suis à peine assis, on me tend le devoir du jour. Et hop! au boulot! Il s'agit par définition d un ou de plusieurs textes que je ne connais pas par définition. Je n'ai pas envie de travailler en amont (je pense être déjà pas mal exploité; tout a ses limites). C est parti: je lis le texte de ma plus belle voix et hop! les questions et je dois y répondre presque en temps réel. Il est vrai que ce "pilotage automatique" que je mets alors en route s explique très bien. Depuis 2004 je me livre à cette confrontation avec notre littérature que j ai étudiée étant élève jusqu en hypokhâgne puis en tant que lecteur puis avec d autres élèves et enfin j ai pour moi mes propres écrits...

Les réponses viennent viet et l élève couche par écrit mon discours...
Mais il y a parfois un os; hier ce fut une tirade de Corneille assez compliquée où il était question des Horaces et des Curiaces; Camille reproche à son frère d avoir immolé son amant. J ai du me reprendre car le texte était un peu compliqué. La jeune fille d attendre légèrement impatientée.

Mais ce qui me saisit, c est cette fébrilité de l'élève. qui se traduit par une attente comme on attend que le robot à tout faire d ela cuisine dite "intelligente" se mette en route sans tarder, se manifestant par des mots de clôture qui me signifient d accélérer; toute explication, tout commentaire hors les rails est pris comme une perte de temps.

J ai déjà dit ici que la perte de temps n en est pas une. Le cerveau n est pas une machine à "rendre" mais un organe délicat et complexe qui a besoin de temps. Le crveau fait partie de la nature et la nature obéit au temps, à ses cycles, à ses contraintes.  Devrai-je rappeler que la vitesse de l influx nerveux est limitée? Je crosi savoir que la nature est contrainte par des temps propres; par exemple, le développement embryonnaire est commandé par des gène spacialisés et.

Or justement ce qui caractérise cette époque hystérique c est le non-respect du Temps. Cf  toutes les horreurs de la chimie pour accélérer artificiellement les processus bilogiques ( Descartes si tu savais ce qu on a fait de ton commandement...)

On casse les rythmes naturels et humains. Toujours la Machine comme modèle ultime? L Homme n'est plus à l image et à la semblance de Dieu mais à l image de la Machine.

La pression est partout, à tous niveaux, dans tous les secteurs, à tous les âges. Plus vite, encore plus vite!

J ai lu un article dans "Books" où un spécialiste démontrait que cette vitesse de tout et de rien n avait aucune légitimité...Même économique. Cela relevait de l idéologie; il FAUT aller vite parce qu il le faut...

Il paraît qu on joue la musique dans des tempos plus rapides;

Juqu aux loges maçonnqiues où on est soumis à un train d enfer... comme au travil qu on vient de quitter justement pour se...ressourcer a minima!

Mais tout se paye en cette vie et l hubris ou "démesure" est châtiée par les dieux (cf mon billet sur les grecs et leur terreur de l infini);  se suicideraient-ils de nos jours?): et le cortège de burn-out, dépressions, suicides  et des autismes - mais je dis cela en toute hypothèse - est le signe parmi d autres de l accélération générale.
Deux exemples: le facteur, pardon le préposé au courrier (de fait ce n est jamais la même personne, ô joie!); il distribue  son courrier à vive allure et dehors pousse son chariot comme s il était engagé dans un marathon "postiers".

Le super marché du coin: lorsque je pose mes quelques achats sur le tapis roulant le caissier les retire illico et en deux trois secondes je dois payer (la file derrière s impatiente...) mais gare à tout retard surtout pour les fidèles de la monnaie liquide (on opte de plsu en plus pour le paiement par carte Visa: le ridicule ne tue plus depuis longtemps; les gens payent avec leur carte pour 5 €!).

Cette forte contrainte du temps s exerce sur les enseignants, sur les élèves, et en bout de piste sur les chargés de soutien scolaire.

J ai déjà parlé de la scène hallucinante et cauchemardesque de le jeune mère asiatique qui se livrait devant moi à un véritable harcèlement de sa toute jeune fille, visblement conditionnée comme un chien de Pavlov. Il fallait tel un impératif catégorique kantien que cette enfant ait toujours quelque chose à faire, à boire, à manger, à tripoter, à solutionner, à dire...Pendant la durée du trajet Paris-Cannes soit quelque 5 heures!!!

Pas de temps mort (le mal nommé), pas de temps vide pour rêver, penser, méditer.

La sagesse comme la science vont dans le même sens et le proverbe espagnol "dar tiempo al tiempo" reste valide.

Je reviens à nos origines que nous oublions ...à garnde vitesse. L'école en grec est la skôlê, le lieu de la découverte, du loisir intelligent, de l'exercice naturel de l esprit. Notre école est celle du rendement absurde, usinier,  et aussi de la ségéragation, du tumulte, de l agitation vaine et illusoire, du poductivisme imbécile que Charlot a anticipé dans ses "Temps modernes" qui le rendaient fou....

J ai eu la possibilité étant étudiant de suivre un  stage sous la direction de Bob Wilson; j ai appris par la suite que comme l immense John Cage il s était inspiré du zen...

Il m'a marqué à vie. Par une belle journée dans une école du 7me arrt, nous étions une trentaine; un des exercices consistait à parcourir sur toute sa longueur une salle dans le silence le plus complet et le plus lentement possible.

Le génial auteur du "regard du sourd" lui-même ancien handicapé m a enseigné plus que cent livres et m a ouvert l esprit pour toujours.

Je farppe trop vite sur mon clavier; vite, vite j ai tanr de choses à faire.

Le Temps se venge et la Nature se venge. La Némésis nous attend au coin du bois...

Pensez-y...

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Commentaires
M
Bonjour Jean Louis, <br /> <br /> Deux jours sans billet que se passe-t-il j’espere Que tout va bien . Ici je suis en panne d’ordinateur pas très à l’aise avec la tablette pour un long message<br /> <br /> À bientôt <br /> <br /> Edith
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M
Bonjour Jean-Louis,<br /> <br /> Dans le billet d'hier, il y avait l'histoire, la pub simple de l'époque touchante. Mais aussi ce fait inhabituel : parler de votre papa, lisant une histoire, peu de père à cette époque le faisait, j'aurais aimé en avoir un comme cela, moment privilégié accompagné de tendresse, la preuve plus de 65 ans après je suppose, vous avez plaisir à raconter ce moment.C'est un billet qui peut paraître banal, mais tellement plein d'émotions.<br /> <br /> En ce qui concerne cette petite jeune fille (j'ai 2 petites filles en seconde) votre élève qui veut très certainement arriver dans la vie, qui vous apprécie même avec ses allures un peu vives, c'est normal pour elle (comme nous disons), elle est née à une époque ou le temps est devenu de l'argent (on fait tout de plus en plus pour associer temps et argent). "La course à toujours plus".Je pense qu'il faudrait un jour que vous la fassiez disserter sur le temps ! cela pourrait être un exercice riche d'enseignements. <br /> <br /> A moi aussi, elle me plait cette petite, qui a bousculé les codes pour vous mettre au niveau de sa jeunesse tutoyante. C'est une preuve d'amitié. Le tutoiement efface certaines barrières, pour nous "génération d'hier" pas facile de l'employer.<br /> <br /> A bientôt Jean-Louis, belle journée aujourd'hui, il refait beau et un peu plus chaud.<br /> <br /> Edith
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