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Choses vues entendues sues
15 octobre 2018

Le besoin d'être au courant

Pas de visiteurs pour mon blog d hier alors que je m attendais à avoir quelques lecteurs; je m interroge toujours ce qui fait que parfois çà marche et parfois non; dommage j y avais mis des choses qui me tenaient à coeur mais je poursuis cette petite entreprise que je crois "salvatrice" pour moi.

Élargissant mon propos, je me demande aujourd'hui ce qui fait que j'ai besoin d'être informé (et en l occurrence d informer, en amateur bien entendu).

Une fois de plus c est dans ma petite enfance au temps des diligences et des lampes à huile; j exagère un peu, mais un peu car en ce temps-là (années 50 en gros, dans un petit pays grand par l Histoire, le coin nord-est de ce qu on appelait l AFN, la Tunisie, "la Régence" comme on disait). Pas de diligences mais les derniers taxis-fiacres (ah! ce petit plaisir de prendre un fiacre, cette bonne odeur de crottin, cette sensation unique d être dedans et dehors, protégé mais en contact avec le monde, le rapport vivant avec le cocher; pas de lampes à huile sauf dans les synagogues pour faire mémoire des défunts mais des lampes à pétrole, longues, fuselées avec leur tube de verre, leur mèche et la douce lumière qu elles émettaient; on les allumait en cas de panne d électricité, rarement il est vrai...

Etant enfant donc, vers 10 ans ou moins j'attendais, aux aurores avec une vive impatience le bruit du journal que l on glisse sous la porte: "la dépêche", journal au siège de prestige au débouché de la rue de Rome et de l avenue Jules Ferry (devenue Habib Bourguiba), journal de notables, des gens qui comptent. J étais le premier à le lire, suivi par mon grand-père, amateur de presse comme mon père. Outre cette "dépêche" nous avions "la Presse de Tunis", publication moins élégante qui complétait "la dépêche"et "Tunis Soir" que mon grand-père achetait tous les jours; journal plus léger et qui se prêtait au pliage en huit (c'était le temps des grands formats) et que l on glissait dans la poche extérieure de la veste.

Je lisais : politique locale et internationale, faits divers minuscules qui faisaient l actualité d un pays sans histoires à l époque jusqu'aux "événements" tragiques précédant l indépendance, bandes dessinées à l américaine, potins de la capitale...

Très tôt j ai eu l âme d un reporter, moi le timide qui avais "peur de mon ombre" (on sait pourquoi): badaud par excellence, le moindre froissement de tôles me faisait sortir de chez mes grand-parents; de plus le hasard a fait que la caserne des pompiers était juste face à nos fenêtres et j admirais les exercices acrobatiques de soldats du feu. 

Plus tard, atteint par une forte crise existentielle au moment décisif de l adolescence mes parents déménagèrent provisoirement pour la proche banlieue de la ville. Chiens galeux, ânes doux et maltraités, champs, bon air et eau saine "du puits", maisons basses, quartier arabe là-bas au loin. Pour tromper une dépression (qui je pense maintenant traduisait mon désarroi face à une mort dans la famille que je ne comprenais pas bien à l âge de quatre ans; j en élaborais le deuil des années après) je me mis à planter des petits pois devant la maison basse que ma famille avait louée et chez mes grand-parents paternels en face; je passais mon temps à rêvasser et à regarder au loin derrière le muret surmonté de morceaux de verre multicolores les champs, le "monde sauvage" d où peut-être pourrait revenir la morte...

Mais - cure de réalité par le biais d un imaginaire moins morbide, plus valorisant et déculpabilisant (je rappelle que je me suis sorti d'une terrible maladie à quatre ans alors que ma tante en est décédée malgré tous les soins à 34 ans; elle m aimait plus que tous et plus que tout au monde).
Je me mis à écrire tous les jours un petit journal où je mettais ce qui me faisait rêver; je me souviens encore de ces petits articles: il était question d érudits sanscritistes notamment.

Bien plus tard j écrivis des poèmes puis des nouvelles et de aphorismes; je me mis au piano encore plus tard (dans la mémoire ou le fantsame cette tante (ma Ligieia à moi) jouait merveilleusement du piano (Chopin sans doute). 

Et aussi j eus un petit job qui m a passionné tout en enseignant; je fus critique musical, créais un petit club voué à l immense pianiste canadien Glenn Gould qui joue Bach comme personne, un génie et un saint; parallélement au piano je pris des cours de chant et fis partie de plusieurs choeurs (ce Requiem de Gabriel Fauré, qu on a appelé la berceuse de la mort, celui de Mozart déchirant, celui de Verdi triomphaliste "et lux perpetua" etc; mais je recommande une mini-oeuvre de Mozart "l Ave Verum", deux à trois minutes divines; mais attention l interprétation doit en être précise, scrupuleuse, impeccable sinon rien). Je devins le "spécialiste" des "Requiems" en qualité de ténor.

J écrivis de la critique littéraire et en sciences humaines aussi...

L Inde qui m a fasciné très tôt ( "The River" de Renoir) puisque elle a "soigné" ma dépression avec mes petits articles, je devais la retrouver en bien des étapes de ma vie; j ai suivi six ans durant l enseigement du Vedanta donné par un swami (moine) hindou; j'ai encore des cahiers de notes et des dizaines de cassettes; bien entendu je fis le voyage de l Inde (et du Népal); actuellement le bouddhisme qui a tant d affinités avec cette immense civilisation de l Inde traditionnelle me soutient dans cette longue série d épreuves qu'est la vie.

Tout cela pour dire que toute vie est une fidélité ou infidélité à l éveil de sa conscience ce qui revient au même.

Je conclurai provisoirement: l humain trouve en lui parfois des ressources pour ne pas mourir de ce cadau empoisonné qu on appelle la vie...

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Commentaires
S
Je transmet à Cédric tes nouvelles blog au 2 - 3 jours et ensuite il les lis
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