Lumière...

Oh bien petite lumière pour moi (cf le blog d hier bien négatif) hier alors que de nouvelles point; le jeune étudiant mexicain m avait promis monts et merveilles sur le plan de l aide et même "pour que je me sente utile" de suivre des cours de français avec moi. Rien: pas d excuses, pas un mot, pas une explication...

Et la lumière vint. Comme si j avais enfin compris, pas intellectuellement, pas philosophiquement non mais avec la force d une découverte que ferait un tout petit enfant qui apprendrait qu il n est pas bon de poser la main sur une plaque chauffante.

Je sais maintenant que nous avons changé de paradigme: la société (la dissociété comme dit un sociologue plutôt) a muté et je dois l accepter, que je le veuille ou non; je ne le souhaite pas mais j'y consens. Les valeurs dans lesquelles j ai été élevé sont mortes, définitivement mortes. Ne plus compter sur la parole donnée, il n y a plus de parole; ne plus compter sur la discipline même minimale, il n y a plus de discipline; ne plus compter sur la fidélité d un être pour un autre être, il n y a plus de fidélité; ne plus compter sur le respect que l on doit aux autres, il n y en a plus; ne plus compter sur l assiduité, il n y a plus d assiduité, etc

Le zapping des chaînes (mot bien éloquent non?), la fréquentation des réseaux dits "sociaux" génèrent des comportements volatiles, des comportements régis par le caprice, la velléité, la désinvolture inconsciente d elle-même qui plus est. En d autres termes le culte de l Ego  démonétise la simple considération pour l autre. Si vous êtes seul(e) au monde qu importe l impact de vos paroles puisque les autres c est le décor animé de votre monde.
Je propose du reste ce néologisme pour dire l éthos dominant régi par la seule loi du commerce, des affaires et de la technique virtualisant les "échanges": "amoralisation".

Le socilogue Emile Durkheim le père de l école sociologique française; voici: en 1897, il emploie ce mot anomie en lui-même éloquent pour décrire une situation sociale; caractérisée par la perte des valeurs morales, civiques, religieuses et le sentiment associé d aliénation et d irrésolution; pour plus d information , relire le livre magistral "le suicide".

A cette anomie qui déresponsabilise et donne à l individu un sentiment de toute-puissance signe de fait une tragique fragilisation du Moi fortement surcompensée. Je veux, je fais; sans état d âme.

Tel un enfant mal élevé (on considère généralement que l état d adulte n a plus cours maintenant; on parle d adulescence, le charme en moins.

A cette anomie associée à la perte des liens traditionnels se développe le puissant courant nihiliste selon lequel rien ne vaut rien.

Mais voilà tout se paye en ce bas monde; certes on est plus libre (on fait des gosses avec des tubes, on quitte son conjoint pour une grimace de trop, on change de résidence comme de chemise, et d emploi idem, on jette des pavés contre des boucheries, on s étale dans un bus, pas grave tout çà) mais cette liberté est un poison car le malheur aussi est au rendez-vous: cf statistiques des crimes, des   suicides, des actes gratuits, bref le "malheur ordinaire".

Kant, tu n as pas à te réveiller; de toutes façons "ils" ne t entendront pas; pis ils ne comprendront pas ton discours, une langue étrange, étrangère.

Voilà pour aujourd'hui! Pour ma part je ne vais pas me plaindre à présent (se plaindre c est estimer une situation à une aune disparue sans l admettre; je sais que tout çà c est fini et du coup je suis un peu plus serein.