Tristes Tropiques, Lévi-Strauss et l anthropologie

Très bonne série d émissions sur Lévi-Strauss sur Fr.-Culture. Des anthropologues, jeunes et plus aguerris sont interviewés dont Philippe Descola, titulaire d une chaire au prestigieux Collège de France. On y apprend que bon nombre de spécialistes ont vu naître leur vocation à la lecture du splendide ouvrage de Lévi-Strauss "Tristes Tropiques"; comme beaucoup d'autres ja i été fasciné par ce livre attachant, palpitant de vie, riche de pensées fécondes. Sans compter les illustrations, témoins de la complexité inattendue des sociétés amazoniennes.

Mais pourquoi ce "Tristes"; qu'on me permette de conjecturer...Il se trouve que j ai aussi lu avec passion le "Journal d un ethnologue" du savant polonais Bronislaw Malinowski. Je fus frappé par la mélancolie qui traversait les pages. enfin, j ai appris cette formule récemment: "on devient psychologue (ou psychiatre) parce qu on est mal dans sa peau, sociologue parce qu on est mal dans sa société et anthroplogue parce qu on est mal et dans sa peau et sans sa société. 

On peut supposer que la tristesse des anthropologues a de multiples causes: éloignement de sa culture même dénoncée, constat des imperfection inévitables des autres cultures (on peut croire qu un certain  idéalisme préside au choix de ce type d études; ailleurs c est mieux, plus simple, plus sain, etc), observation de l impact de la modernité sur des sociétés censées rester en l état.

Il paraît que de nos jours l Amazonie n est plus depuis longtemps "le paradis perdu". On ne va pas rappeler l éventration des denses forêts sous les assauts des entreprises capitalistes destructrices partout sur notre globe défiguré. C est tout juste si au coeur de la forêt on ne trouve pas une agence bancaire et l inévitable Mc Do avec sa junky food.

La course à la modernité atteint la totalité de la planète; est-ce à dire que l ensemble des cultures tend à disparaître dans une sorte de disparition de "l ethno-diversité"? Il m est difficile de répondre n'étant pas spécialiste mais sans doute des formules hybrides sont-elles conçues? 

J aurais un exemple que je connais à proposer qui donne à espérer, la culture tibétaine gravement sinsiée de nos jours. Le Dalaï Lama de même que de nombreux dignitaires bouddhistes se sont acclimatés à l Occident en essayant de sauver un héritage millénaire (la littérature remplirait des bibliothèques entières; j' ai appris récemment que la simple liste d ouvrages spécialisés remplirait de rayonnages entiers). Chogyam Trungpa, le "maître" de Fabrice Midal a su adapter à l Occident qu il estimait en pleine déroute (on comprend!) la doctrine de l Eveillé.

Bien sûr comme partout il y a du bon et du mauvais;tout bouddhiste n est pas nécessairement modèle de vertu!

Mais il se passe dans le monde un vaste mouvement de réaménagement des traditions les plus respectables.
Qu est-ce qui restera? qu est-ce qui disparaitra? On ne sait mais n oublions pas que c est dans les périodes de crise que la créativité des hommes est stimulée.

Notre époque de bouillonnement incessant sera-t-elle à l origine d une sorte de renaissance ou au contraire d une déshumanisation fatale à notre survie?