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Choses vues entendues sues
10 août 2018

Guérir?

Thème difficile et -ô combien!- complexe- que celui d'ajourd'hui; l'idée m en a été donnée par une série d'émissions intéressantes sur la célèbre "Muse" des génies, Lou Andreas-Salomé. Par associations d'idées, j'ai pensé au thème "la psychanalyse aujourd'hui" et de proche en proche au thème de la guérison.
J'ai pour moi la très longue expérience (quelque six ou sept thérapeutes, deux grandes écoles, l école freudienne, avec une petite variante lacanienne, et l'école jungienne,  les formes "groupe" (deux thérapeutes et trois "tranches"), face à face et divan (oui, "le" célèbre divan des origines")...

Je précise que je poursuis avec une femme-médecin que je vois régulièrement, en gros une fois/semaine, pour un face à face de trois quarts d'heure; elle est dotée d une solide bon sens et, de plus, est très sûre au point de vue de la médecine générale et on sait que çà compte quand on avance en âge. Que dire? J ai coutume de dire qu elle assure la maintenance et autorise un ancrage dans le Réel sans compter que n'ayant pas de famille (cf les blogs précédents, j ai pour moi quelqu'un qui m'écoute, me comprend et me conseille. Enfin elle assure la médication (anxiolytiques et somnifères).

Actuellement, on le sait (du moins les gens qui ont l amabilité de me suivre), je pratique la méditation depuis quatre ans; çà a à voir avec la thérapie, le Bouddha se considérait ne l oublions pas comme un thérapeute (je pense qu il en est de même pour toute religion; sur ce plan , je serais moins rationaliste que le maître de Vienne; la religion aide beaucoup de gens à (s)'en sortir. Je ne prononcerai pas ici sur le problème de l existence ou la non-existence de Dieu; à mon avis toutefois, la position qui me paraît la plus solide philosophiquement est soit celle proche du pari pascalien (qu avons-nous à perdre à faire ce pari de l existence?) soit celle de l agnosticisme; de Dieu on ne saurait rien dire. Je trouve l athéisme pur et dur extrêmement arrogant. Notre entendement a ses limites: je ne sais pas (mais je pense qu il y a un sens dans tout cela: par exemple quel formidable énigme que notre intelligence soit en mesure de déchiffrer l Univers? par exemple l évolutionnisme donne une direction générale, un ordre ne serait-ce que dans le sens de la complexification et de la "cérébralisation" progressive de l espèce humaine.

L existence même de la vie pose problème; elle existe et uarait pu ne pas exister; la position athéiste est trop rigide; on a résolu le problème et on passe à autre chose; cette manière de pirouette me paraît trop expéditive..;

Mais revenons à ce thème de la guérison; ma longue expérience de patient (je m en serais bien passé, qu on se le dise) témoigne pour la difficulté de ma vie dès ma naissance et la multiplicité des problèmes existentiels graves qu elle m a posés, cette vie.

On sait que la psychanalyse classique est en perte de vitesse de nos jours justement parce que, en partie, nos contemporains, sont pressés; aujourd'hui on veut tout tout de suite comme les petits enfants. Le monde n a plus rien à voir avec la société viennoise de la Belle epoque. L image remplace le texte, les moeurs se sont "libérées" et en ce sens Freud a pu contribuer à cette libération; la psychanalyse est partout donc nulle part et son vocabulaire s est vulgarisé. Je pense que les intellectuels en général recourent encore à la psychanalyse qui peut leur faire du bien; quant aux autres...Il y a les médicaments qui souvent se substituent à la parole et au silence de la cure; mais il faut avouer que la prise de médicaments vous dessaisit de votre humanité qui est aussi histoire et récit de cette histoire, qui est écoute et échange, qui est art de la parole et de l interprétation assise sur l'expérience clinique.

La déshumanisation que je vois à l oeuvre avec la démentielle technologisation du monde ne peut que contribuer à la désaffection pour le travail difficile, long, semé d embûches mais souvent bienfaisant, d après les témoignages, de la psychanalyse classique; en l affaire l approche freudienne s assimilerait beaucoup plus à une forme d art. Devant une toile de Cézanne il nous faut pour la "comrendre" de la sensibilité, de la culture, de l expérience (dans un blog précédent j ai dit la fulgurante révélation qu a été pour moi le visionnage de l émission sur Doisneau. Magie de l Art, un art qui pour le coup ressemble à une psychothérapie réussie).

Pour ma part, les thérapies que j ai suivies m ont aidé incontestablement; de là à dire qu elles m ont guéri... Dernier point; il est de bon ton de détruire l apport freudien: fariboles, perte de temps, affabulation; je m inscris en faux contre ce procès en accusation; outre la qualité de certains thérapeutes, capables  d entendre et de comprendre la plainte, aptes à laisser apparaître la "vérité" d un être, l apapreil conceptuel de Freud force le respect; pour décoder les conduites je n ai rien trouver de mieux que la conceptualité freudienne. Comprendre, disait Spinoza et non juger; justement l outillage freudien me paraît toujours opérant en ce sens.

J en arrive au dernier "avatar" de ma longue quête, savoir la méditation.

Difficile de condenser: d abord, la pratique (comme toute pratique quand elle est suivie sérieuesment) développe en soi des qualités: courage, détermination, persévérance, qualités qui vont ensuite pouvoir  se déployer dans la vie. Par ailleurs, cette pratique produit des effets; lesquels? pas toujours aisé à dire. La posture méditative nous "contraint" à poser notre corps, ce grand absent des cures analytiques et à contempler le fonctionnement de notre esprit en direct ( jai observé des points communs avec la cure analytique: dans les deux cas notre esprit est en roue libre d où le surgissemnt d idées, d affects, de ressentis, autrement "étouffés" par le quotidien; on se met à l écoute de nous-mêmes).

De plus le bouddhisme insiste sur la bienveillance à l égard des autres, des animaux, de la nature et...de nous-mêmes; cet accent est en lui-même facteur de progrès.

J ai observé ces derniers temps des changements dans le sens de l acceptation de moi-même tel que je suis, avec mes limites; une participante à un groupe d études durant le stage nous disait que s acceptant mieux du coup elle avait libéré de l énergie pour faire des choses; ce qui vient de nouveau confirmer une intuition freudienne. Mon frère me disait que sa pratique lui avait donné de l énergie...
Autre chose: outre des idées inattendues, des noms qui traversaient mon esprit lors de mes pratiques, j ai vécu de "petits éveils" (l équivalent des in-sights des psychothérapeutes); prises de conscience inattendues, d autant plus impactantes...

Il y aurait encore bien des choses à dire; j'ai conscience du décousu de mes propos mais c est la "loi du genre blog"...

Revenons au thème qui sous-tend ce long, trop long blog.

La guérison; en termes médicaux même dans le domaine organique la notion n est pas si claire: on tombe malade on est soigné et guéri mais le corps de ce fait est changé ne serait-ce que parce qu il a développé des capacités nouvelles à réagir. Je crois pas au retour pur et simple au statu quo ante.

La guérison plus largement; si on creuse un peu et on ouvre la perspective, guérison , maladie, santé ne sont que des mots, utiles pour désigner mais très vite insuffisants pour comprendre cette fois le sens (Jung disait que la maladie était une perte du sens) et de la maladie et de la santé.

Philosophiquement la maladie peut être une étape initiatique, vécue comme telle: elle nous apprend sur notre corps, elle le fait parler (la santé c est le silence des organes certes mais le silence ne dit rien sur ma nature); elle nous donnent l' occasion de déployer des ressources sans cela inemployées (on a parlé du "bon usage" des maladies);

Nietzsche, grand malade avait sa vision de la grande santé savoir celle qui consite à dire OUI à la Vie telle qu elle est. Thomas Mann dans son chef d oeuvre "la montagne magique" nous a montré combien le mal de son jeune héros Hans Castorp l'avait transformé.

Le Bouddhisme se donne pour objectif de libérer les humains non de guérir suelement; comme si guérir était bien peu de choses au regard de sa visée première.

Il n est pas sans imporatnce de noter que le prince Gautama a justement commencé son long chemin qui devait le conduire à l Eveil par la prise de conscience de la souffrance universelle.

Vivre c est souffrir fondamentalement, au plan personnel comme au plan collectif, ici et ailleurs, maintenant et hier et demain. Voilà la réalité incontournable de notre condition humaine.

Par delà le Bien et le Mal, la voie de Sakyamouni ne promet rien (car à une guérison succède une maladie, à un bon moment un mauvais etc). D emblée elle situe les choses à un autre niveau à la fois humble (l Eveil est représenté dans la statuaire par le geste de montrer la terre) et grandiose.

La Vie est un Tout indivis comme chacun d entre nous est une totalité reliée à ce Tout qu'est l Univers.

Depuis que je médite je prends conscience, je crois bien, que la vie que j ai vécue jusqu ici était comme un demi-sommeil.

Et ce n'est pas le confort et la paix qui sont au rendez-vous ni la guérison...

Quelque chose d aussi banal et d aussi précieux que le sourire d'un enfant ou le pépiement  d un oiseau dans un square parisien un soir d été...

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