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Choses vues entendues sues
16 juillet 2018

La liesse populaire comme symptôme...De quoi?

Extraordinaire moment d exaltation populaire hier dans toute la France à l occasion de cette Coupe du Monde remportée par la victoire sur la Croatie, autrefois partie intégrante de la Yougoslavie. J avoue que moi aussi je me suis pris au jeu; j ai regardé la première partie du match et la petite Croatie se défendait bien; je pensais même que léquipe de ce tout petit état allait l emporter au point que je délaissais la télé puis, la curiosité étant trop forte et non sans une certaine appréhension, je consultai le site Reuter's. Je lis, incrédule: France 4 Croatie 2, me demandant s il ne s agissait pas d un autre match. Du coup je me remis à la télé et les secondes s égrénaient; l équipe de France, jeune et sympathique, simple et heureuse de jouer, devait enfin l emporter.

Très bons joueurs et  excellent Didier Deschamps à qui nous devons en grande partie cette fabuleuse récompense qui fait du bien...
Et ces foules en délire du nord au sud et de l ouest à l ouest, quel spectacle, quelle émotion, quelle ferveur!

20 ans, il a fallu attendre 20 ans pour accrocher une seconde étoile au maillot bleu...

Je ne veux pas bouder ce plaisir et la joie devient rare en France pour bouder ces moments-là. 

Cette jeunesse avec une dominante masculine il faut bien le dire et ce côté "bon enfant" hurlant, riant, dansant, montant en haut des reverbères, cette avenue des Champs Elysées noire de monde très vite et partout dans Paris le jaillissement sans reste de la Joie à l état pur; et pour moi enfin l oubli et l identification à cette foule, moi, le non-sportif.
Tout une dimension nouvelle a pu jouer certes: réseaux sociaux qui amplifient, entrainent et cultivent une sorte de narcissisme collectif; on aime à se regarder à travers les autres et à regardre les autres à travers soi. Fusion qui nous libère de la pesanteur de la vie, surtout de cette vie actuelle, si lourde, si chargée de menaces...

De plus l internationalisation a opéré; dans le monde on a vibré à l unisson.

Mais très vite, le Réel avec sa "laideur" justement, sa pesanteur, la haine ordinaire devaient réapparaître. J eus une minicrise d anxiété un moment, issue des profondeurs de mon être comme pour me "punir" de tant d exaltation; une "piqûre de rappel" de la réalité et de ma réalité (un homme seul et plus tout jeune aux prises avec "ce" monde)

Au plan collectif des casseurs s en sont pris aux belles enseignes de l avenue des Champs Elysées puis alors que je me suis mis au lit, par hasard je tombai sur un site dégoulinant de haine à l égard du complot américano machin chose. Encore et toujours jusqu à la fin des temps...

Cruel retour sur terre; le paradis ici-bas n a qu un temps et la preuve!

C est l autre face grimaçante de la postmodernité; tout se sait, tout se dit, tout se montre. Les gens curieusement s embrassent les uns les autres même des inconnus mais qu est-ce que çà prouve au fond?

Je terminerai sur deux "symptômes" encore de la psyché collective.

De manière singulière, deux incidents ont émaillé le défilé du 14 juillet: le couac de la célèbre patrouille de France; l un des avions avait lâché une fumée de couleur rouge au lieu du bleu et deux motards sont entrés en collision devant la tribune officielle; j y vois un signe de rejet, comme un lapsus de la psyché collective, une manifestation d opposition.

De manière différente, dans une approche jungienne: au moment même où la coupe d or était remise à ces braves un violent orage éclatait sur Moscou. Synchronicité et participation du Ciel à la victoire. La pluie, de plus, est signe de richesse dans plusieurs traditions.

Oui j'ai "profité" à ma manière je me rassemblais comme toute cette foule bariolée se rassemblait...Et pourquoi le nier, si je n ai rien contre la petite Croatie, grande nation sportive je ne saurai oublier la dictature sanglante d Ante Pavelic et sa persécution des minorités, ses camps de la mort et  sa haine de la Serbie, ses Oustachis pro-nazis.

A Tunis il y avait une rue de Serbie, pas "de Croatie".

Mais bravo à ces héros d un jour quoi qu on dise; ils se sont bien battus; ne boudons pas notre plaisir. Un temps ils nous ont rajeunis; un temps, ils nous ont fait retrouver un peu de notre jeunesse disparue.

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