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Choses vues entendues sues
15 juin 2018

Ballon rond, sport et société

En cette période de Coupe du Monde en Russie, interview du footballeur reconverti en militant antiraciste Lilian Thuram. S'origine guadeloupéenne, l'ex-champion a évoqué de manière qui m a touché que c est à son arrivée en France qu il a découvert qu il était noir. 

Ce qui m amène à semer quelques réflexions sur ce sport qui abien changé lui aussi avec toute la société et Thuram a tout-à-fait raison de dire combien ce sport populaire entre tous est le miroir de la société globale et en particulier de ses dérives. Pouvoir de l argent, argent du pouvoir, corruption, trucages, patriotisme, racisme, etc

Mais a contrario, le sport fait rêver et sublime la violence; après tout pendant qu on se bat autour d un ballon on ne se fait pas la guerre.

Je me revois tout enfant accompagner mon père (rares fois où cet homme par ailleurs bon s intéressait à moi) sur les hauteurs de Tunis au stade Géo André dans la verdure pour voir le spectacle d un match de foot. A son issue, un collègue d emon père d origine italienne faisait nous raconter les coulisses de l exploit. Pourquoi le nier? J étais heureux de ce moment d émotion et de partage si rare avec mon père.

J étais alors entretenu dans l image de l enfant maladif, peureux, "féminin" par son goût immodéré de la lecture ( d autant que ces lectures tournaient souvent autour d ouvrages de la Comtesse de Ségur, ceux de mes deux cousines plus âgées, des petites mères en quelque sorte).

De manière plus générale l intellectuel dans l inconscient collectif  c est une fille dans le fond; le corps et son culte étant assimilés au mâle vrai. est-ce un hasard si tous les régimes dictatoriaux valorisent le corps et la virilité à travers lui.

Les choses ne sont pas si simples: bon nombre d écrivains aimaient le sport jusqu à le pratiquer et on pense au grand Camus, à Marcel Prévost bien oublié, Cravan et à des auteurs américains ou britanniques pratiquant un sport. Il me souvient d un très bel ouvrage d un sociologue américain sur cet univers de la boxe où les noirs trouvaient de quoi prendre leur revanche sur l humiliation qu ils subissaient (et continuent à subir dans leur propre pays.

A l heure actuelle j aurais une opinion plus nuancée. Je n aime pas les spectacles sportifs et ce monde m est au mieux indifférent; cependant j ai déjà raconté que, étant enfant, j ai souffert sans m en rendre compte vraiment, de mon isolement, "m arrangeant" pour être constamment dispensé de sport; à ma décharge les "maîtres de sport" avaient une conception militaire de ce même sport avec coups à l'appui si on craignait de monter à la corde (ah! ces cordes et ce gymnase et sa hauteur insoutenable pour une petit sixième que rien ne préparait à affronter le défi).
Or tout se paye dans la vie; alors que mes camarades se livraient aux activités sportives j étais enfermé dans une salle d études. Expérience d être différent des autres et obscur malaise face à un "privilège" empoisonné. Quelque chose comme: je n ai pas les mêmes droits... ni les mêmes devoirs que mes pairs.

Depuis comme pour effacer cette stigmatisation qui hélas en redoublait et en renforçait d autres, j ai fréquenté les salles de sport et pratiqué le jogging des années durant. 

C est dire que ma position face aux sportifs est fortement ambivalente: au fond de moi une sorte de mépris mais ne cache-t-il pas ce mépris une obscure envie, celle toute simple d être comme tout le monde?

Je reviens au sympathique Thuram qui milite pour l antiracisme, l antisexisme, l anti-homophobie. Pourquoi oublies-tu l'antisémitisme, Lilian?

Le sport est une issue pour nombre de jeunes en détresse, mais peu. 

Le sport de notre temps est difficile car il exige qu on le pratique à plein temps; j en sais quelque chose ayant eu des élèves champions au cours de ma période de professorat; il est très difficile de concilier sport et études.

Difficile de conclure. Le sport m a "aidé" plus que je le crois dans le construction de mon être. J ai vibré aux exploits des coureurs valeureux du Tour de France, suivant chaque étape du Tour et collectionnant les photos des chevaliers des temps modernes, de ces héros pacifiques dont les exploits me passionnaient.

Le sport existe depuis l'aube des civilisations et sa leçon est peut-être qu il ne faut pas oublier le corps, car lui se rappelle à nous si on le négligeait et de quelle manière!

Ce corps, objet de glorification exacerbée dans les régimes totalitaires aux dépens de l esprit (autodafé des livres sous Hitler) et méprisé par Platon qui en fait le tombeau de l âme (soma sema), idée que le christianisme devait reprendre.

L Asie semble avoir uen position plus équilibrée. L esprit sinscrit dnas notre corps et l un marche du même pas que l autre.

Spinoza devait faire du corps un champ d expérience largement inexploré.

Mens sana in corpore sano.

Je reprendrai à mon compte la vieille maxime latine, loin des excès du sport technologisé et du corps instrumentalisé. 

Apprenons à l habiter ce corps qui nous accompagne toute notre vie, à l écouter, à le respecter car il participe plinement à notre sentiment de dignité.

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