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Choses vues entendues sues
4 juin 2018

Derniers cours et nostalgie

Dimanche assez chargé si l'on veut hier: le matin au dernier cours du brillant Lavis sur le bouddhisme, avec pour moi ce qui devient un nouveau souci, l'audition. Mon appareil déjà difficile à supporter est tombé en panne; de plus la sonorisation de la salle, je l'ai déjà dit n est pas au top malgré un dispositif technique impressionnant; il se trouve que l orateur ne sait pas bien parler dans le petit micro-cravate. Heureusement pour moi, j ai saisi l essentiel du début de la conférence et la suite a été plus audible...

Des applaudissements nourris ont salué la fin de ce cours exceptionnel qui a dépassé l heure prévue; il s est terminé vers 14 h! J en ai profité pour acheter le dernier ouvrage de Lavis sur un texte fondamental du bouddhisme au titre superbe "la conscience à l épreuve de l éveil"; il s agit d un ouvrage universitaire sans l aridité habituelle (avec toutefois quelques concessions à la langue actuelle, consacré au "Boddhicaryavatavara" de Santideva. L'auteur, bardé de diplômes est actuellement professeur à l université de Rouen et à Sciences Po. Jeune et vivant à l'oral, il reste accessible et clair à l écrit. Il jongle avec la famille des langues indo-européennes pour décoder un très vieux texte du début du 8me siècle; Husserl, père de la phénoménologie, a découvert, en son temps, l immense littérature de l Inde ancienne en espérant qu elle vivifierait l Occident qu il estimait en déclin. Lavis justement en spécialiste de philosophie comparée nous a montré en quoi la phénoménologie pouvait permettre une lecture plus assurée de l approche bouddhique de la conscience...

Lavis reprend à nouveaux frais les anciennes traductions en les débarrassant des a priori occidentalo-centriques qui les défiguraient. Il redonne en fin d ouvrage cet écrit majeur avec en regard la transcription en caractères latins du sanscrit originel afin que le lecteur puisse en goûter la musicalité.

Je me suis plongé immédiatement dans une lecture passionnante dès mon retour chez moi; intense plaisir intellectuel grâce au talent pédagogique de ce jeune expert.

Je pensais ce matin à ce que je pouvais "attendre" raisonnablement (tout en sachant qu il n y a rien à en attendre mais on ne se refait pas) de la pratique de la méditation: intégrer la souffrance de toutes façons  incontournable de notre condition à tous.

Et à propos de souffrance, je parle suffisamment de ce que je vis actuellement pour y revenir encore.

Cependant comme pour présentifier cette souffrance aux mille visages, il se trouve que ce matin à la radio on interviewait un pied noir comme moi mais originaire d Algérie Jean-Louis Comolli, critique de cinéma connu, pour son récent roman "l Algérie des terrasses". Moment émouvant où il évoquait ses souvenirs de son enfance à Philippeville, l actuelle Skikda; on ne guérit jamais de son enfance...

Bien sûr ce que disait cet auteur éveillait un écho chez moi. Certes l Algérie n est pas la Tunisie. Et à chacun ses souvenirs. Les miens sont moins heureux car j ai traversé des épreuves familiales que lui n'a pas vécues. C est clair. Mais il n empêche: bien des points communs me relient à cet inconnu:  la génération, le pays natal perdu, le monde méditerranéen, les italiens (une importante communauté italienne à Tunis), les boissons (le créponné, sorte de citronnade mêlée de glace pilée), la nourriture saine et  inspirée par les cuisines arabe, française et italienne: sans compter la cuisine juive des lieux  ; après tout, le régime dit "crétois" est bien méditerranéen).

Et à ce propos, comment ne pas évoquer le film "l enfant des terrasses" du cinéaste tunisien Boughedim qui, lorsque je l ai visionné, m'a replongé dans cet univers de l enfance: terrasses, soleil, hammam, beauté des soirs d été flamboyants.

On est fait, tous et chacun, de notre passé. Que serions-nous sans notre mémoire? Halbwachs a bien montré qu à côté de la mémoire individuelle qui nous est propre il y a la mémoire collective, celle de l Histoire. Je partage en partie cette mémoire avec cet autre Jean-Louis.

Cette mémoire, toujours plus ou moins reconfigurée d après les spécialistes mais fondation de notre être, refuge parfois illusoire, source d inspiration et de souffrance, le plus souvent, à l évoquer chez moi.

Souffrance? Le Prince Gautama il y a bien longtemps et sous d autres cieux en avait pointé la prégnance universelle et nécessaire au sens philosophique du mot.

Et en cela, nous sommes tous frères en humanité...

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