Sérieux, esprit de sérieux et sérieux de l'esprit

Je me pose aujourd'hui cette question motivée par mon coté sérieux, peut-être exagérément sérieux, qui a marqué une grande partie de ma vie. Comme tout un chacun, j ai connu aussi bien des gens qui ont avalé leur parapluie et d autres qui à force de plaisanter n étaient plus crédibles, ce qui peut entraîner des conséquences fâcheuses.

Et si je me pose cette question, c est que hier il y avait réunion de la société de pensée, j en ai fréquenté une certain nombre; celle dont j'étais membre avant était en comparaison assez (f)roide, formaliste, solennelle.
Hier l humour régnait malgré une chaleur tropicale: plus de 40 personnes dans un local exigu...
Et les propos de table qui ont suivi la réunion basculaient souvent dans la grivoiserie; tradition bien française, s il en est, illustré par Rabelais ou Molière!

Le sexe occupant, on s en doute, la part royale.

Une journée sans rire disait Nietzsche est une journée perdue (il est vrai que la vie n'est dans le fond pas bien rose non?, décevante , amère, comme disait même un camarade dans mon adolescence, ce que je ne comprenais pas bien...

Qu'en est-il de ma position par rapport à ce thème? Je vais essayer de comprendre cet esprit de sérieux qui m habite encore, mais moins. 

A mon avis il y a quelque chose de défensif là dedans; on cherche à être "pris au sérieux" ( c est donc que dans le fond on ne se sent pas fiable); les gens qui se prennent au sérieux sont pleins d eux mêmes, peut-être pour se masquer le vide qui les habite. Avez-vous remarqué que très souvent les gens sérieux occupent des fonctions subalternes, ce qui confirme le côté compensatoire. "Je suis quelqu un moi" (tiens, je repense à un supergardien d immeubles qui avaient une morgue incroyable; on pouvait penser qu il gouvernait un pays). Manière d affirmer et de (se) poser face au monde. A l inverse, les gens vraiment importants ne dédaignent pas l humour; les sages chinois sont souvent enjoués, avec quelque chose de mutin dans le regard ou une esquisse de sourire "entnedu", comme si la vie ne méritait pas tant de gravité. Ce n est rien la vie (aussi!)

En définitive je crois, au point où j en suis de ma réflexion, que je verrais volontiers une position réaliste, celle du "juste milieu". On est sérieux quand on aborde des sujets sérieux, mais avec une petite aération de temps à autre, une note d humour. On peut aussi se débrider mais je trouve que çà bascule souvent dans la vulgarité et point trop n en faut. Comme une expression de quleque frustrarion dans l ordre du sexe, du pouvoir, de l argent, tous thèmes qui comptent dans la vie!

Au fond, sérieux, rire, humour, sourire, c est une question de finesse, de justesse, d adaptation à la situation, de considération pour les autres.

Je pense qu'en effet "rire est le propre de l homme" mais que de même qu un bon comédien peut jouer la comédie et la tragédie; l homme solide, mature, conscient de lui et des autres devrait pouvoir jouer de tous ces registres, montrant par là sa liberté, son authenticité, sa plasticité. Un peu comme l enfant pas encore figé dans sa "cuirasse caractérielle" (Reich)