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Choses vues entendues sues
15 mai 2018

La passivité et l agitation

Nous vivons de plus en plus dans un monde furieusement instable et de plus en plus imprévisible et indéchiffrable; comme si le rythme de l Histoire s emballait, sans qu on y comprenne grand chose.

Je ne sais si rapport il y a entre les deux séries de phénomènes mais j observe chez mes élèves "soutenus" de cette année une étrange dominante: la passivité avec ses divers profils; aussi je m interroge; je vois un lien entre ces "passivités" (elles affectent à mes yeux plusieurs formes: la pire, "minérale", pure attente de la parole "sacrée" du dépositaire du savoir, passivité mâtinée de rares propos du type "questions" pour donner le change ou passivité suspendue momentanément par une précision apportée par le jeune (ô miracle!), l accent mis sur une erreur de ma part).

Cette année, une notable exception: une jeune fille de section économique qui sait m "utiliser" et déverse sur moi une batterie de questions affûtées et pertinentes au point qu une page de texte exige deux heures d explications. Bien certes pour moi, mieux en tous cas que la passivité générale mais (comment dire?) assez fatigant et stimulant car je suis contraint à aller jusqu au bout de moi-même, on aura compris.

Maintenant pourquoi cette passivité, phénomène qui s accroît avec le temps. 

Une première réponse: la fatigue qui évoque le burn-out des salariés, l augmentation des contraintes, des devoirs, etc, ce qui rend ces jeunes presque indisponibles pour des cours supplémentaires. Ils reçoivent la becquée; c est plus "reposant" mais contestable sur le plan pédagogique. Seconde explication: la concurrence des "petites machines". Le temps et l espace de notre cerveau sont limités quoi qu on dise, quoi qu on fasse, n en déplaise aux coaches du "développement personnel" (développement pour quoi? et surtout pour qui? et avec quels effets?). Enfin il me semble que le bruit et la fureur du monde, surmultiplié par le fracas médiatique viennent contrarier le minimum de sérénité indispensable à l apprentissage. Une des premières questions que je pose à un nouvel élève: comment est le climat de l école, de la classe? combien d élèves? Est-ce bruyant? Mais je prends les réponses "avec des pincettes"; il n est pas aisé de dire le vrai face à un inconnu qui pourrait de plus rapporter aux parents.

Le monde cruel où et que nous vivons n est pas favorable à la paix de l esprit. Nous ne sommes pas des ermites installés sur un les hauteurs des Himalayas, mais des citadins bousculés, pressés, stressés, soumis à un rythme d enfer, celui impulsé in fine par tous les bruits du monde.

La mondialisation c est aussi cela, la mutualisation obligée des soucis de tous. 

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