Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Choses vues entendues sues
6 mai 2018

Etre susceptible

Je me mets à nu plus que jamais avec ce blog dont le thème est la susceptibilité pour essayer de comprendre un peu plus; soyons modestes. Je suis et hélas reste susceptible. ayant interrogé la thérapeute à ce sujet, elle reprend pour la nième fois l antienne: "votre mère ne vous a pas laissé vous ouvrir aux autres". Mais je trouve cette lecture un peu répétitive (une sorte de clé universelle de tous mes "malheurs" qui n a que trop servi) et simplificatrice.

J ai pu observer hier encore combien j étais sujet à cette susceptibilité qui signe, entre autres mon identité psychologique.

Le Petit Robert nous donne l étymologie: "bas latin "susceptibilis" de "susceptum" , supin de "suscipere"  "prendre par dessous, subir", de "sub" sous et "capere" prendre. Suit une exemple littéraire: "ce sentiment des pères pour leurs filles, où il entre tant de respect, une pudeur si susceptible" (Mauriac). Cet écrivain spécialisé dans la peinture des familles fermées et toxiques est en soi une approche éclairante qui vient de manière inattendue conforter l approche de la thérapeute.

En ce qui me concerne, j ai observé que cette susceptibilité (que je partage avec quelques personnes de mes connaissances) était suscitée par un sentiment (on est bien dans cette sphère de la "sensibilité" sans doute excessive) d'envie. Par exemple, on me fait comprendre qu'untel est préféré à moi par un tiers qui m imorte. Ma susceptibilité, piquée au vif, se réveille et me fait souffrir.

Pourquoi cette prédisposition (je la constate avec d autant plus de sensibilité que mon frère, lui, reconnaissons-le, ne montre pas cette même sensibilité; au besoin il constate mais sans aucun froissement, comme s il s agissait d un autre).

A mon avis, la susceptibilité revient à reconnaître que je n ai pas le monopole de l amour (je force le trait); que d autres sont plus aimables ou désirables ou importants aux yeux d un tel ou d une telle.

Tout se passe comme si en ces occasions un douloureux sentiment d indifférence de l autre à mon égard était vivement ressenti. L étiologie, une fois de plus remonte à l enfance et c est logique...Mon père préférait mon frère cadet de manière à peine discernable et j en ai beaucoup souffert à la fin de sa vie (je ne lui en veux pas bien sûr; "çà ne se commande pas"), au point qu un jour je lui ai reproché de faire la tête à ma venue alors que pour mon frère...A mon avis il a mal vécu le fait que je sois resté célibataire, moi l aîné. J ai souffert de ce célibat moi aussi; j ai eu et continue à avoir des problèmes (euphémisme) avec la gent féminine. Comment demander à un homme comme mon père le sens psychologique nécessaire pour comprendre son aîné, lui qui ne m a jamais parlé "d homme à homme".

Quant à ma mère, c est une autre difficulté (j en ai déjà souvent parlé); elle me considérait comme un enfant maladif, timide, lent. Superbe portrait qu elle renvoyait de moi. Mais plus grave le relation qu elle a instituée avec moi était d ordre quasi fusionnel; j ai couru les cabinets de psy ma vie durant sans effet palpable.

Mon identité a comme je le dis souvent été squattée par cette femme qui est maintenant très âgée et victime de ce terrible Alzheimer; dois-je préciser que je ne lui en veux pas. Les parents au total pensent à eux d abord avant leurs enfants; les mobiles égoïstes l emportent sur les autres.

Entre un père qui, déçu par mon non-mariage et m en voulant et une mère me phagocytant, la susceptibilité est une réaction de ressentiment, une réactivation dans l actuel d un "complexe familial" sans doute aggravé par une prédisposition personnelle.

Etre préféré ou trahi ou "dévalorisé", revient pour moi à revivre l inextricable noeud dans lequel j ai été pris si tôt.

Je revis alors l indifférence paternelle et la méconnaissance de mon être propre par ma mère.

Ce qui ne laisse pas de m interroger: la pérennité de ce sentiment combien douloureux malgré analyse, introspection, et...méditation.

Qu aurait dit le "génial" Lacan; je n ai pas eu la chance de l'avoir comme thérapeute, cet homme de génie..Il est vrai que la séance à 50 euros et plus pour 10 minutes, je ne pouvais pas me l offrir (en guise de consolation  j ai eu la chance d assister à une séance à la Fac de Droit Panthéon. Je n oublierai pas de sitôt son talent de comédien, son sens de la répartie fulgurante, son côté hystérique et son charisme de légende, de même que la forêt de micros sur la tribune pour recueillir la précieuse parole du Maître)

Qu aurait dit le Maître à mon sujet? Je rappelle que si dit-on il fut à l origine de suicides (la Vérité peut tuer) il a à son actif de formidables succès (l un va-t-il sans l autre?): je pense à l ex-ingénieur agronome Gérard Haddad entreprenant à 30 ans des études de médecine et forcé de payer des sommes fabuleuses en dépit de ses faibles revenus ("débrouillez-vous!"). Haddad dès la première séance a été "révélé" dans l intimité de son être par le talent quasi médiumnique de Lacan.

Il est devenu maintenant analyste et a écrit de très bons ouvrages autour de la psychanalyse...qui semble promise à une quasi-disparition à notre ére de la vitesse et des résulats immédiats,dans un domaine qui exige du temps; on ne défait pas la structure d une personne en trois mois.

Il me reste deux solutions: le suicide ou l acceptation de ce triste sort ...

Ou (allons courage Jean-Louis! il y a pire dans le vaste monde) la philosophie et la sagesse allant avec non la résignation mais l accueil de SON destin, aussi difficile fût-il.

Car peut-être ce destin funeste a-t-il des contreparties mal perçues de moi. 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Choses vues entendues sues
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 20 255
Publicité