Que faire (de la tristesse)?
On connaît le slogan maintenant vieilli de la chaîne Carrefour: "positivez!"...Je ne puis, toujours pas répondre à une injonction impossible du type "soyez heureux", même hors contexte,bassement commercial...Je me suis rendu à un premier cours pour adultes (majorité de retraités) de l'Association remarquable dont je suis les cours depuis...je ne sais plus; cours en plusieurs matières...
Il s agissait d un cours sur la Russie; l enseignant parlait de l 'impérialisme pauvre" (et a passé vidéo qu'il a décryptée soigneusement. Oui, c est vrai que la Russie me donne à rêver depuis, mon jeune âge. Pas pour les mêmes raisons que les USA ou l Inde; encore que - point commun de ces trois pays: l immensité...J ai été transporté par (une fois encore la nature...) la splendide parure de forêts de ce véritable pays-continent: le bouleau est un arbre magnifique avec son tronc élancé et argent et ses belles et graciles frondaisons. Mais il y a autre chose que la beauté de ce pays; son histoire justement, terrible. Un fleuve de sang ai-je dit un jour. Depuis des siècles...La culture russe est une des plus belles qui soient...Et cette langue difficile mais d une musicalité rivalisant avec la belle langue italienne ( j ai eu deux élèves russes: l un fils d un artiste émérite, l autre descendant d un haut personnage de l époque révolutionnaire, doués tous deux). Entre la musique, la peinture, les romans-fleuve, l artisanat et les ballets, même la cusine. J ai eu la chance d parcourir à l époque de Brejnev la Russie de l Ouest et les états causasiens: Arménie (pays de poètes et de musiciens. La visite du monument commémorant le génocide à Erevan m a bouleversé; par delà la frontière le Mont Ararat majestueux, sorte de Terre promise emblématique. Bien des points communs avec les Juifs chez ce petit peuple à la longue histoire...Azerbaïdjan avec Bakou et ses champs de pétrole s étendant à perte de vue...Géorgie très méditerranéenne et exubérante, avec les portraits de Staline (!) partout. Je reviendrai sur cet attrait pour le monde russe; il y entre quelque chose de trouble...
Que faire? titre du fameux livre théorique de Lénine; avec un complément d objet indirect. De la tristesse...Il est vrai q ue je souffrais quelque peu d une douleur dentaire et que, de nouveau, j avais un peu de mal à entendre; il faut que je me décide à consulter; la thérapeute évoquait un bouchon de cérumen. J avais déjà été examiné et on maprescrit un traitement; je devais retourner chez l ORL mais alors l accident se produisit. Donc tout est à reprendre...
Tristesse donc...Générée par la fin d une relation doublée d une trahison. Quelle sensibilité exacerbée! je suis fait ainsi. Tout se passe comme si je n' avais pas été sevré ou suffisamment autonomisé et construit de manière à supporter le délaissement: ma recherche de liens forts (et la douleur excessive suite à la perte des liens) s origine dans ce besoin addictif (quasiment) de l autre comme substitut du sein maternel; le sein nourrit, réassure, protège, accompagne, donne sens et réalité au monde interne et externe. Comment dire mieux l violence de ce que je ressens.
Je pense que je serais devenu fou (je nai personne pour me soutenir) sans l aide de la thérapeute et sans l aide, de nature différente, de mon ami spirituel. Il ma ide à sortir de mon moi de souffrance en le détournant de l objet de cette souffrance, en le mettant au contact d autres objets, plus valorisants, non destructifs. Avec une intelligence du coeur hors du commun. Son propre parcours, difficile ô combien, témoigne de la possibilité de l humain de se sortir du cercle où la souffrance l inscrit et le maintient.
L historien d hier disait que la l alcoolisation de masse était la réponse du peuple russe face au malheur constamment répété de l Histoire depuis des siècles. Peut-être..Je ne recourrais pas à cet expédient mortel par ce qui reste en moi de morale etde respect de ma propre dignité...